Au Japon, il est bien vu de faire la sieste au travail. Pour améliorer la productivité de leurs employés, des entreprises ont des salles de repos. Éric Normandeau, président fondateur de RecharjME, a eu une idée similaire, adaptée au Québec : apporter un espace de sommeil en milieu de travail avec ses cabines mobiles.
La petite histoire derrière RecharjME
Éric Normandeau est un entrepreneur dans l’âme. À 18 ans, il avait déjà acquis une franchise de NutriZoo, qui offrait un concept novateur de livraison à domicile de nourriture pour animaux. Puis, il est devenu professeur d’éducation physique, un métier qu’il a exercé pendant 14 ans tout en rêvant de projets d’affaires qu’il pourrait un jour réaliser pour améliorer la santé. Il finit par prendre trois mois de congé sabbatique qui deviennent une année, au cours de laquelle il conçoit un plan d’affaires autour de l’aménagement d’espaces de relaxation qu’il louerait dans des tours de bureaux.
« L’accélérateur Défi Montréal m’a donné le coup de fouet dont j’avais besoin, confie-t-il. On me disait que mon idée était tout à fait viable et commercialisable ». Les coûts reliés à la signature d’un bail commercial étant trop élevés, il pense alors à la cabine mobile. C’était en 2017. L’année suivante, Timothée Régnier, intéressé lui aussi par la santé physique et mentale et le repos en entreprise, le contacte. Il fait une étude de marché et Éric est un concurrent potentiel. Sauf que ce dernier a envie d’un collaborateur. Les deux acolytes se lancent donc ensemble. Timothée s’occupera de la commercialisation et Éric de la recherche & développement et de la gestion.


Ils font tout eux-mêmes, conçoivent, fabriquent et installent. « On sait où on veut s’en aller. On n’a pas tous les dessins, mais on demande de l’aide. On a fait affaire avec un designer aussi ». Pour l’instant, ils ont un développeur informatique qui s’occupe du logiciel, mais l’équipe est déjà vouée à grandir.
Des fauteuils pour relaxer dans un environnement immersif
« L’entreprise qui achète la cabine qu’on vient installer pour un temps déterminé offre à ses employés un service de relaxation ré-énergisant au travail, explique le propriétaire de RechargeME. Ils n’ont qu’à réserver une plage horaire en ligne, via une application. Une vingtaine de minutes est suffisante pour une power nap requinquante ».
Éric Normandeau a pensé à tout. Il lui importe que la cabine soit durable et écoconçue, sa fabrication étant faite de résidus de bois. Il n’a pas non plus lésiné sur la technologie: « C’est un cocon sécurisé, insonorisé, avec des murs antibactériens, une ventilation qui recycle l’air toutes les cinq minutes et filtre les virus et les spores. Le fauteuil en cuir est massant, chauffant, avec systèmes automatisés intégrés : détection de présence, réveil lumière et positionnement graduel jusqu’à zéro gravité, un angle développé par la NASA pour enlever les tensions et offrir une impression de flottement ». Déjà, des projets sont en cours pour continuer d’améliorer la cabine: aromathérapie, luminothérapie et méditations guidées améliorées sont envisagées.
Un concept à succès
« En 2019, on signait avec le Cirque du Soleil, Desjardins et plusieurs grandes entreprises, raconte Éric Normandeau. Puis la pandémie est arrivée, et avec elle, la suspension des contrats, mais aussi la détresse dans le milieu clinique. On s’est mis à appeler tous les hôpitaux pour offrir notre service. Normalement, les discussions sont longues quand on veut innover et pénétrer ce marché, mais dans l’urgence, les réponses positives ont fusé de partout. Aujourd’hui, on a douze cabines installées à travers les hôpitaux du Grand Montréal ».
RecharjME est en train de faire ses premiers pas dans le milieu manufacturier. Étudiant, Éric Normandeau avait par ailleurs occupé des emplois dans ce secteur : « Je sais ce que c’est les quarts de nuit, les 12 à 16h d’affilée dans les usines, lance-t-il. C’est plus que nécessaire de pouvoir se reposer ». L’Ontario est aussi dans la ligne de mire des deux partenaires d’affaires qui ont passé le cap des 10 000 réservations de plages horaires en cabines et qui reçoivent des témoignages positifs d’utilisateurs. « Certains en sont déjà à leur 200e utilisation! », raconte Éric, ravi, qui voit son entreprise monter en flèche.
