Nombreux sont les entrepreneurs surmenés, fatigués, sous pression, ou même au bout du rouleau. Pourtant, ils font ce qu’ils aiment le plus au monde : ils vivent de leur passion. Alors comment continuer à vivre leur vocation tout en restant sains de corps et d’esprit ? Grâce au sport et à l’équilibre !
C’est la réponse de Christian Genest, fondateur du Groupe Sushi Taxi, de Buddha Station et de FISH. Christian est entrepreneur en série à temps plein, mais aussi un grand sportif, à temps partiel…ou peut-être l’inverse !

Depuis toujours
Christian a une personnalité intense depuis toujours. Très tôt, son père l’a canalisée dans le sport. Jusqu’au Cégep, Christian pratiquait des sports de haut niveau. Puis il y a eu l’adolescence, ces hauts et ces bas où l’on se cherche, quelque part entre les clivages. Il y a tous ces passages à vide où on teste ce qui est bon pour nous ou pas, ce qui doit rester et ce qui doit partir, pour coller à cette nouvelle identité qu’on est en train de se forger.
Il s’est longtemps cherché, il a même fait fausse route. « Il y a eu un moment où j’étais un bad boy. J’ai perdu tous mes meilleurs chums, je n’avais plus de job, ni d’argent. J’ai eu besoin de me repositionner et de trouver ce que j’allais faire dans la vie. Et pour moi, ça commençait avec une remise à neuf physiquement. Je me suis remis à m’entraîner. Ça m’a redonné du pep. Je pouvais repartir de zéro. Alors, je me suis lancé en affaires. »
En 2000, plein d’élan, il a parti Sushi Taxi, de manière autodidacte. Il portait tous les chapeaux : créateur, chef cuisinier, livreur, comptable et gestionnaire. Quinze ans plus tard, l’entreprise avait trois cents cinquante employés et dix-huit succursales. Un succès retentissant pour le p’tit gars de Québec! Suffisant aussi pour étirer l’élastique et décharger les batteries. Surtout quand on ne naît pas dans une famille d’entrepreneurs et que la gestion, ce n’est pas forcément son point fort! « L’entrepreneuriat est un roller coaster d’émotions », admet-il.
Trouver son sweet spot
En 2005, il a commencé à boxer. « La boxe me permet d’exprimer mes émotions, de me calmer, d’avoir un esprit clair pour pouvoir prendre de meilleures décisions. Le sport, c’est mon oxygène. » D’ailleurs, il a racheté un club de boxe entre temps, qu’il a transformé en OBNL, puis il a lancé un programme sport-études, et un autre pour encourager les jeunes à sortir de la rue avec le Projet Intervention Prostitution Québec.
La boxe fait partie du sacro-saint équilibre qu’il a trouvé pour mener une vie épanouie personnellement et professionnellement. « C’est comme bien m’alimenter et bien dormir. Plusieurs me demandent où je prends le temps de m’entrainer. Mais je pense que c’est plutôt : comment faites-vous pour ne pas bouger au moins une heure par jour? »


Quand rien ne va plus : faire du sport, encore!
En 2017, Christian a vendu le Groupe Sushi Taxi. Il est allé au MIT à Boston faire un MBA. Puis il s’est relancé en affaires, avec la Food tech Buddha Station. « Je voulais révolutionner la manière dont les employés mangent au bureau avec des frigos connectés et des repas sains ». En quelques mois à peine, son chiffre d’affaires avait déjà atteint quatre millions de dollars.
Mais la pandémie est arrivée comme un couperet. Alors qu’il venait d’investir dans la technologie et une grosse infrastructure, « le 17 mars, quand le confinement a été généralisé, j’ai perdu 100 % de mes clients, puisque notre clientèle était celle des bureaux. » Suffisamment pour mettre un gars K.O. sur le ring des affaires.
Christian est un battant : il s’est réinventé et a percé de nouveaux marchés en attendant que les bureaux rouvrent. Il a continué d’investir massivement et d’engager de nouveaux employés pour l’avenir qu’il voyait rutilant. Mais le marché du travail avait changé. Et même s’il y avait un retour au bureau, ce n’était rien en comparaison avec ce que ça avait été. Il venait de perdre sa manne financière.
Puis, il est tombé malade. Il a dû arrêter de s’entraîner. Il est tombé dans la spirale de la dépression. Il avait perdu l’ingrédient magique indispensable à son équilibre, et à son succès. En mai 2022, il a fermé l’entreprise. Pour lui, c’est une preuve que quand il ne peut plus oxygéner son corps et son cerveau avec le sport, et qu’il doit faire face à des coups durs, alors c’est immensément plus difficile.
Christian est parti en vacances. Il n’a rien fait du tout. Simplement, recharger ses batteries. Puis il s’est remis à bouger, à prendre l’air, aller courir, faire du vélo, boxer. La flamme s’est rallumée. En février 2023, il a annoncé son dernier-né : FISH, un club privé de sushis. Quand Christian est centré, et boosté à l’adrénaline que le sport lui transmet, il est heureux en affaires… comme un poisson dans l’eau!
