Que deviendraient les fondations et les organismes de bienfaisance sans le soutien indéfectible du milieu des affaires qui est, tout comme le reste de la population, vieillissant? Heureusement, la jeune génération répond « présente!» et trouve des façons créatives d’amasser des fonds. Rencontre avec les coprésidents du Duathlon urbain de la Fondation CHU Sainte-Justine qui investissent temps, sueur et argent dans leur cause!
Joints au téléphone, Me Kasandra Côté, directrice principale en fiscalité chez KPMG et Marc-André Nantais, gestionnaire associé de portefeuille chez Jarilowsky Fraser Limited, sont fébriles. Dans moins de 24 heures, ils se lèveront aux aurores pour organiser et participer à la neuvième édition du Duathlon urbain au profit du Centre d’excellence en néonatalogie du CHU Sainte-Justine. Un événement qu’ils organisent depuis des mois.
Selon vous, les jeunes leaders ont-ils la responsabilité de s’investir auprès des fondations et organismes de bienfaisance (OB)?
Kasandra Côté: «Non seulement ils doivent le faire, mais c’est un impératif pour la survie des organisations et c’est dans leur intérêt! En assurant la coprésidence, Marc-André et moi vivons une expérience de leadership exceptionnelle que l’on pourra transposer dans nos vies professionnelles. Sans compter que ça fait du bien!»
Marc-André Nantais: «D’autant plus que la fourchette de revenus des gouvernements liés aux travailleurs actifs va baisser au cours des 20 prochaines années. Conséquemment, la pointe de tarte d’aide financière qui allait aux organismes va être plus petite. Les besoins, eux, iront en augmentant. L’aide doit donc venir des groupes privés. Si les jeunes générations de leaders ne veulent pas voir leurs taxes augmenter, ils doivent redonner, s’impliquer dans les collectes de fonds et faire une différence dans leurs communautés.»

Les jeunes générations sont-elles suffisamment mobilisées?
K.C.: « Marc-André et moi sommes entourés de jeunes leaders qui ont du chien, qui s’investissent corps et âme dans différentes organisations. C’est impressionnant!»
M.-A.N.: «Les jeunes générations veulent être entendues. Elles ont compris qu’elles devaient agir pour faire changer les choses, notamment en éducation et en environnement. Elles s’engagent peut-être moins politiquement, mais elles trouvent d’autres moyens de s’impliquer. Il faut que les organismes se montrent agiles pour suivre leur cadence et s’adapter notamment aux Millénariaux. Ma génération de leaders doit réussir à les mobiliser, car ce sont eux qui seront dans nos souliers dans 10 ans.»

Devez-vous vous montrer créatifs pour amasser les sommes nécessaires année après année et pour créer des événements toujours plus attrayants?
K.C.: «Les règles du jeu ont changé. Avant, tout le monde appelait tout le monde pour amasser des fonds. Aujourd’hui, les entreprises choisissent leurs causes principales en fonction de leur orientation stratégique. Il y a donc du travail de lobbying à faire pour cogner aux portes et s’assurer que notre cause soit embrassée par le plus grand nombre d’organisations possibles. Les entreprises sont de plus en plus organisées quant à leur philanthropie.
M.-A.N.: «Il y a encore moyen d’amasser d’importantes sommes dans nos réseaux, comme on l’a vu avec le Défi du seau d’eau glacée (Ice Bucket Challenge) ou avec les campagnes de sociofinancement. De grands bals, il en aura toujours. Or, de plus en plus, les organisations souhaitent prendre part à des événements orientés vers le team building ou l’activité physique. Elles seront par exemple plus enclines à libérer leurs employés pour qu’ils participent à un événement comme le Duathlon urbain et égaler les sommes amassées.
Bien sûr, il faut se montrer créatifs, mais aussi résister aux effets de mode, assure Marc-André Nantais. La communauté d’affaires est assoiffée d’expériences. Elle veut des événements spéciaux qui lui permettent d’accomplir quelque chose, de réseauter, de se rapprocher de ses clients ou donateurs. Le défi, c’est de trouver une recette qui va durer et s’adapter dans le temps.»
La cause
«Après leur naissance, mes deux enfants ont dû être hospitalisés pour des pépins de santé, explique Kasandra Côté. J’ai alors été témoin de petits miracles, mais aussi des défis quotidiens de plusieurs parents vivants avec un enfant malade. Dès lors, je ne pouvais plus vivre sans m’impliquer. C’est devenu ma cause. Si je fais le choix de consacrer une soirée par semaine loin de mes enfants en santé, c’est pour tous ces parents qui n’ont pas cette chance.» Impliquée dans le Cercle des jeunes leaders du CHU Sainte-Justine depuis quatre ans, Kasandra a récemment entraîné dans l’aventure son ami Marc-André Nantais qu’elle avait rencontré à travers l’association Jeunes Canadiens en Finance.