Entreprendre pour elles

Mélissa Proulx

3 février 2019

4 minutes

Entrepreneure #authentique

 

À travers Fillactive, Claudine Labelle incite non seulement les adolescentes à aimer bouger, mais elle mise sur la formation, la recherche et le transfert de connaissances pour instaurer un changement durable dans la société.

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Avant de devenir cette grande inspiratrice qui allait faire bouger des milliers de jeunes filles de 12 à 17 ans à travers le pays, Claudine Labelle était une cycliste d’élite caressant un rêve olympique. Alors qu’elle s’entraînait pour une grande compétition à Toronto, elle s’est fait happer par une voiture. Tout juste 22 ans. Le traumatisme crânien sévère dont elle a souffert a mis fin à sa carrière d’athlète de haut niveau. Incapable de se concentrer ou même de lire, elle a mis deux ans de thérapies en réadaptation avant de recouvrer une vie à peu près normale. Puis, elle a eu un premier enfant et a redéfini son essence et ses priorités.

«L’accident que j’ai vécu a été le plus grand défi que j’ai eu à surmonter et j’y travaille encore. J’en ai toutefois tiré de grands enseignements. Quand on vit des difficultés, des embûches et des deuils, il y a souvent quelque chose d’encore plus grand qui nous attend dans le détour. Comme un vent de dos qui arrive et permet de déployer encore plus mes ailes».

Tomber et se relever

Claudine Labelle s’est remémoré ce qu’elle avait ressenti lorsque, plus jeune, elle avait entraîné à la natation des enfants issus de milieux défavorisés. «Cette expérience m’avait ouvert l’esprit sur les autres vertus du l’activité physique comme l’estime de soi et la socialisation dans une période où je valorisais la performance». En lisant sur le problème de sédentarité chez les jeunes filles de 12 à 17 ans – 9 filles sur 10 ne sont pas assez actives –, elle a eu le déclic.

Est revenu très forte la fièvre entrepreneuriale qu’elle avait connu enfant alors qu’elle devait user de stratégie pour amasser les fonds nécessaires à payer ses inscriptions sportives. «Obtenir le soutien de la communauté, mobiliser les gens pour une mission commune, c’est resté dans mon ADN. Je devais mettre en marché non pas un produit, mais une initiative et j’ai décidé d’en faire un OBNL puisque je voulais que les jeunes filles obtiennent tout le soutien moral et financier dont elles avaient besoin». La fondation Fillactive voit le jour en 2007 et mise sur le plaisir et l’absence de compétition pour favoriser l’activité physique chez les adolescentes.

«Le sport m’a aidé à devenir l’entrepreneure que je suis. Les sportifs vivent des échecs et des victoires, mais ils apprennent aussi à gérer les attentes.»

Au-delà de la fille, un système à changer

Pour bâtir son projet, Claudine a d’abord investi son propre argent. Puis, elle s’est bâti un réseau de personnes prêtes à s’engager. Avant d’approcher les bailleurs de fonds, elle s’est assurée d’être prête en plaçant la barre très haute pour satisfaire à tous leurs critères. «J’ai d’abord approché des entreprises puisque ça me venait plus naturellement.» L’entrepreneure sociale mise ensuite sur le développement de partenariats avec les milieux scolaires et communautaires pour organiser des événements et des expériences valorisantes.

D’autres organisations se collent à Fillactive au fil du temps et apportent non seulement du soutien financier et stratégique, mais poussent plus loin l’impact social de l’initiative. «Ce qu’on a réalisé, c’est qu’au-delà de la jeune fille, il y a tout un système à changer pour que celle-ci puisse bouger dans le meilleur contexte. On doit mobiliser les parents, les professeurs et les gouvernements, mais aussi les universités et les organismes qui oeuvrent auprès d’elles.»

Fillactive vient de compléter sa première campagne majeure de financement qui a permis d’amasser 11 millions de dollars. Ces sommes permettront notamment de poursuivre le déploiement pancanadien, de développer des plateformes web de soutien et de contribuer à une recherche universitaire sur les jeunes filles.

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«Comme entrepreneure, je suis consciente de mes forces pour le développement des affaires. Une de mes préoccupations ces dernières années a été d’apprendre à prendre du recul et à chercher les bons joueurs complémentaires. Je suis rendue à l’étape d’apprendre à déléguer, à faire confiance et à être claire dans mes communications.»

#authentique

L’authenticité est une des tendances toujours aussi forte pour 2019-2020. Pour nous, Claudine Labelle incarne parfaitement l’entrepreneure authentique qui use de confiance, de constance et de cohérence pour inspirer les autres.

À propos de l'auteur(e)

Mélissa Proulx

À propos de Mélissa Proulx

rédactrice - journaliste

Mélissa Proulx est une journaliste, chroniqueuse et rédactrice. Elle se consacre avec passion et créativité à l’élaboration de contenus journalistiques riches et variés depuis 2002.