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Quand c’est le portefeuille qui décide⎢Les votes et l’économie américaine
2022-07-20
4 minutes
Valérie Beaudoin
Analyste et chroniqueuse
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Êtes-vous allé au resto dernièrement? Si oui, vous êtes au fait de cette augmentation qui paraît sur la facture du consommateur. L’optimiste en moi dirait : ça ne peut pas être pire! Je ne suis pas économiste, mais au moins, les prévisions annoncent un plateau de l’inflation. Au Canada, elle serait rendue autour des 7% ou 8% ; aux États-Unis, le taux d’inflation annuel a atteint les 9%.
Il y a la hausse du prix à la pompe, la pénurie de logements, la hausse du taux directeur d’un côté comme de l’autre de la frontière. Les Canadiens et les Américains ont les mêmes préoccupations ces temps-ci…
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À PROPOS DE L’AUTEUR(E)
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Valérie Beaudoin est analyse et chroniqueuse de politique américaine. Elle traite de divers enjeux de cette société, qui ont souvent un impact chez nous. Elle est également chercheure associée à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand et membre du Groupe de recherche en communication politique de l'Université Laval.
Valérie Beaudoin analyse la politique américaine pour différents médias québécois, depuis 2015, dont Radio-Canada, Noovo et le 98.5.
Au cours de son cheminement académique, elle a concentré son énergie sur les États-Unis en plus de s’y rendre régulièrement pour faire de la recherche sur le terrain, que ce soit pour couvrir une élection, une assermentation ou encore différentes manifestations aux quatre coins du pays.
Elle aime traiter de divers enjeux de la société américaine qui ont un impact chez nous. Elle s’intéresse particulièrement à la présidence, aux élections ainsi qu’aux médias.
Outre son travail d’analyste et de chroniqueuse, Valérie est chercheure associée à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand et membre du Groupe de recherche en communication politique de l’Université Laval.
VALÉRIE BEAUDOIN
À PROPOS DE
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Voter selon ses économies
Dans un peu moins de quatre mois, les Américains vont tenir des élections de mi-mandat. Comme le nom l’indique, elles sont l’occasion pour les électeurs de réagir s’ils sont insatisfaits du parti au pouvoir et ce, à deux ans de la fin du mandat de Joe Biden.
« Je me ferme les yeux sur tout ce qui est social. Je sais que je vais faire plus d’argent en bout de ligne avec un élu républicain, donc mon choix est facile ». C’est ainsi qu’un électeur à la double nationalité canadienne et américaine m’a expliqué le raisonnement derrière son vote. C’était en 2018 et l’entrepreneur sexagénaire n’avait tout simplement pas confiance que les démocrates puissent gérer l’économie. Quatre ans plus tard, une grande partie de l’électorat ne semble pas avoir changé d’idée. La majorité des sondeurs sont d’accord sur deux choses : l’avantage n’est pas aux démocrates et la situation économique est la priorité numéro 1 des Américains.
Malgré les nouvelles sociales qui pourraient sur papier motiver grandement les troupes démocrates, elles ne font pas parties de priorités. Que ce soit les armes à feu, avec plus de 330 fusillades de masse depuis le début de l’année, ou encore cette décision de la Cour suprême sur l’avortement, qui ne garantit plus sa légalité partout au pays, on pourrait penser que ces deux seuls éléments choqueraient et secouraient la base… Mais dans le concret, la nourriture qu’on doit mettre sur la table, le toit pour se loger, et l’essence qu’on doit mettre dans la voiture ont priorité.
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Inflation, répercussions et marchés intégrés
Rien pour aider le président, le dernier rapport sur l’inflation n’a pas de quoi rassurer avec une hausse de 9,1% par rapport à l’an dernier. Une récente étude de la Bank of America dénote par ailleurs que les investisseurs américains sont plus pessimistes que jamais. Il a beau blâmer des facteurs hors de son contrôle comme les problèmes avec la chaîne d’approvisionnement depuis la pandémie, ou encore la guerre en Ukraine qui a rendu le marché de l’énergie très instable, reste qu’il est tout à fait normal pour un dirigeant d’être redevable. Après tout, c’est lui qui est en charge de sa population et de son bien-être. Tel que je l’ai présenté dans mes chroniques précédentes, le tissu social est moins bien arrimé pour aider les gens dans des situations précaires qu’au Canada.
Qui plus est, le chômage a beau être bas en Amérique du Nord, les entreprises sont en plein recrutement pour combler des postes critiques. Ils n’auront pas le choix d’augmenter les salaires de leurs employés pour combler les postes vacants et d’augmenter les prix de leurs produits pour prendre eux-mêmes de front l’inflation.
À l’approche d’une élection provinciale chez nous cet automne, gageons aussi que François Legault aura à faire face aux mêmes types de défis que ses homologues américains. Nos marchés sont tellement interreliés. N’oublions pas que le Canada est le principal partenaire commercial des États-Unis avec 15% des échanges commerciaux, devançant le Mexique et la Chine. Le secteur des affaires et le politique surveillent donc avec attention ce qui se déroule chez nos voisins.
Comme le dit le dicton « quand les Américains toussent, le Canada attrapent la grippe ».