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Mélissa Proulx est une journaliste, chroniqueuse et rédactrice. Elle se consacre avec passion et créativité à l’élaboration de contenus journalistiques riches et variés depuis 2002.

Bachelière en lettres françaises de l’Université d’Ottawa et diplômée en journalisme, Mélissa Proulx avait 21 ans lorsqu’on lui a confié les rênes de l’hebdomadaire culturel Voir Gatineau-Ottawa, une édition régionale qu’elle a dirigé pendant huit ans. Sa route l’a ensuite ramenée vers sa région où elle a été chef de la section Art de vivre du Voir Montréal puis comme rédactrice en chef adjointe du magazine Enfants Québec.

MÉLISSA PROULX

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Caroline St-Hilaire a complété 20 ans de politique active, dont 11, sur la scène fédérale. Les huit dernières années, elle a occupé le siège de première femme à la mairie de Longueuil. Depuis 2017, celle qui avait eu une entreprise de gestion des droits d’auteurs, se consacre à sa troisième carrière, celle des communications.


Ses débuts en télévision avaient lieu à l’émission de La Joute à LCN. Elle a aussi rejoint QUB Radio comme animatrice et chroniqueuse radio. « Je n’ai pas quitté ma vie de politicienne parce que je n’aimais plus ça ou que j’avais été déçue, mais bien parce que j’avais le sentiment d’avoir fait le tour du jardin et le besoin de faire autre chose sur le plan personnel. Mes nouvelles responsabilités me permettent de continuer de parler d’en parler, mais avec une plus grande liberté de parole. »


S’ouvrir sur son handicap


C’est au moment de la parution de Se faire entendre, son livre biographique paru à la fin de son dernier mandat de mairesse, que la majorité des Québécois(e)s ont appris que Caroline St-Hilaire était sourde.



« Je ne l’ai jamais caché, mais je n’en ai jamais fait la promotion non plus, précise-t-elle. Quand j’étais députée fédérale, chaque mois, je faisais des déclarations en langage des signes. Je m’impliquais dans les organismes. Lorsque j’ai perdu l’ouïe complète des deux oreilles en 2007, je me voyais mal faire un communiqué de presse pour l’annoncer. Mon entourage le savait et comprenait pourquoi je prenais tel siège plutôt qu’un autre ou pourquoi je quittais des endroits trop bruyants. Cela me suffisait. »


Au moment de se révéler à l’auteure Geneviève Lefebvre pour son livre, elle a décidé de raconter la rencontre marquante qu’elle a eue avec une jeune femme sourde qui voulait comprendre comment il était possible de réaliser tous ses rêves – même celui de devenir mairesse – en dépit de son handicap.


« Je ne pensais pas que ma condition susciterait autant d’intérêt et de curiosité. La vérité, c’est qu’il y a 10 % de sourds dans la population et que ça n’ira pas en s’améliorant. Or, c’est un handicap invisible. Même Maka (Kotto, son mari) avait du mal à le réaliser au début, comme il l’a écrit dans sa chronique. J’ai senti que j’avais une responsabilité: d’en parler, de vulgariser, d’expliquer. Au même titre que mon mari est homme noir en politique, je suis une femme publique sourde. Si on voit plus de modèles différents, on va réaliser que c’est possible la diversité en politique ».



« Je ne voulais pas tomber dans la victimisation. Je suis chanceuse, j’ai de bons appareils auditifs. Je travaille, j’ai mon amoureux, mes enfants. J’ai fait la paix avec ma surdité. » – Caroline St-Hilaire



Deuils


Si elle reconnaît que son handicap a comporté de nombreux défis en politique (les rassemblements, les subtilités, la spontanéité), elle avance volontiers qu’elle offrait aussi certains avantages. « Je fais la lecture labiale, alors je pouvais lire sur les lèvres des adversaires en chambre. Par intuition, je suis aussi devenue très habile à lire le non verbal, les regards. » Bref, elle a réussi à dédramatiser, voire à en rire. « Oui, parce que ce n’est pas dramatique! Le matin, si je n’ai pas mes appareils, que je sirote mon café et que mon mari arrive, c’est sûr que j’explose! Je n’ai rien entendu et lui, il oublie! Ça demande des ajustements constants. »


Son premier et plus grand deuil a eu lieu dans sa jeunesse: celui de renoncer au patinage artistique. « Je faisais beaucoup de compétition. À l’époque, il n’y avait pas d’appareils auditifs. Je n’arrivais plus à entendre la musique et à être au bon rythme. Si bien qu’un jour, mon père m’a dit: je pense qu’on va s’arrêter là. À ce jour, ça reste ma plus grande peine. »



« Je vois le regard des gens changer lorsque je dis que je suis sourde. Comme s’ils avaient besoin de modifier leur manière de parler. Soit ils crient, soit ils articulent lentement. Je suis sourde,  je ne suis pas inintelligente! Avec les masques, actuellement, c’est le pire moment de ma vie! »


La vie après la politique


Malgré ces difficultés, s’il y a un moment où elle aurait aimé sauter à nouveau dans l’arène politique, c’est bien pendant cette pandémie. « J’ai ressenti un élan pour apporter ma contribution, mais mon deuil est fait, je suis bel et bien passée à autre chose. » Maintenant qu’elle est revenue à ses premiers amours, l’entrepreneuriat, Caroline St-Hilaire est fière d’avoir pu démontrer qu’il y avait une vie après la politique. « J’ai réussi mon pari de me mettre en danger et d’aller chercher d’autres cordes à mon arc. Il aurait été facile de ne rien risquer sur le plan professionnel et financier, mais je voulais montrer que je sais faire autre chose. Les gens de Longueuil me manquent, c’est certain, mais je suis fière d’avoir fait voir à mes enfants qu’il est possible de sortir de sa zone de confort et d’avoir du succès. Le confort piège les esprits légers, répète mon mari»



« La chose dont je suis le plus fière, après 20 ans en politique, c’est que personne n’a pu m’enlever mon intégrité. J’ai donné tout ce que j’avais et je n’ai pas laissé une image négative. J’ai connu 11 ans d’opposition et 8 ans de pouvoir. Si j’étais restée dans l’opposition, j’aurais peut-être développé une amertume. »


Avec le recul, Caroline St-Hilaire est heureuse d’avoir eu les moyens de ses ambitions.


« Le pouvoir pour moi, c’est important. Il permet de changer les choses, d’améliorer la vie des gens, je suis contente de l’avoir connu. Pour les entrepreneurs qui veulent faire une différence, je pense que c’est important qu’ils sachent que la politique est une bonne voie pour le faire».

L’entendre à QUB Radio


La voir à La Joute


La lire aux Éditions Libre Expression


Caroline st-hilaire: le pouvoir de se faire entendre

2021-05-19

MÉLISSA PROULX

6 minutes

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Dans le cadre du Mois de l’ouïe et de la communication, nous avons pris des nouvelles de Caroline St-Hilaire, ex-mairesse de Longueuil devenue consultante, animatrice de radio et commentatrice. Avec la générosité et l’aplomb qu’on lui connaît, elle s’ouvre sur sa vie après la politique et sur sa surdité.

À PROPOS DE L’AUTEUR(E)

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