
Jenny Ouellette
Recrutement et management
Avons-nous fait du bonheur au travail une mode? Combien de fois ai-je lu sur des pages Carrières: «ici, vous serez heureux». Trop souvent, je constate que des organisations perçoivent le bonheur des employés comme une simple tâche à réaliser. Chaque fois, quelque chose sonne faux à mes oreilles. Il faut arrêter de vendre et d’imposer le bonheur au travail, parce que ce n’est pas ainsi que nous rendrons les gens heureux.
Prendre un pas de recul
Pour être heureux, il ne faut pas chercher le bonheur. Un sondage de Gallup révèle que si vous en faites votre but premier, c’est le contraire qui risque de se produire! Malgré tous les efforts investis, un stress et un sentiment d’échec peuvent plutôt se manifester si vous n’atteignez pas votre objectif.
Il semblerait que 90% des employés s’attendent à ressentir de la joie au travail. Or, seuls 37% d’entre eux y parviennent, selon le sondage de Siegel + Gale. Alors, si le bonheur est important pour les employés et les entreprises, pourquoi n’est-il pas plus présent? Avons-nous la bonne approche? J’en doute. Et si la meilleure façon d’être heureux était d’oublier le bonheur au travail?

Régulièrement, j’entends des histoires de hautes directions qui implantent des mesures visant le bonheur au travail sans demander aux employés ce qui les rend heureux. Bien que leurs intentions soient bonnes, cette approche a plutôt pour effet de mécaniser le bonheur au travail et d’écarter par le fait même celui des gestionnaires.
Aimer son travail
«L’important, c’est d’aimer son travail », nous disaient nos parents au sujet de notre futur métier. Et si, au lieu de chercher le bonheur, les employés et les employeurs adoptaient cette approche? Comme nous le présentons dans le cadre de nos formations chez BonBoss, nous pouvons faire ce qu’on aime et aimer ce qu’on fait.
Fais ce que tu aimes
Il y a quelque chose de merveilleux qui se produit quand nous faisons un travail que nous aimons et qui représente un défi sans toutefois nous épuiser. À un certain moment, nous nous sentons complètement plongés dans la tâche comme si tout disparaissait pour laisser place à un état d’extase. C’est ce que le psychologue hongrois, Mihaly Csikszentmihalyi, appelle le flux (flow).
Cette approche me plaît beaucoup car elle démontre notamment que nous avons un rôle à jouer et une responsabilité dans l’atteinte de notre bonheur.
Aime ce que tu fais
Il est aussi possible pour un gestionnaire de contribuer au bonheur de son employé. M. Csikszentmihalyi le mentionne: «Le rôle du gestionnaire consiste à créer un environnement où les employés apprécient leur travail et s’épanouissent en le réalisant». Concrètement cela signifie qu’un gestionnaire peut aider un employé à aimer ce qu’il fait. J’adore l’exemple de notre formateur Jacques Coderre Lareau. Lorsqu’un gestionnaire donne une nouvelle tâche à un employé, celui-ci peut lui présenter l’objectif et lui dire: «C’est important pour moi que tu aimes ce que tu fais. Comment perçois-tu les efforts à déployer pour livrer le projet ? Que pourrions-nous ajouter pour qu’il te plaise ? Essentiellement, je suis là pour te donner les bons outils et t’aider.» Dans cet esprit de collaboration, chacun participe activement à un bonheur au travail.
Il est où le bonheur?
Cela m’amène à vous dire que le bonheur n’est pas un objet commercial ni une quête. Alors, si certains employeurs ont fait du bonheur un outil de marketing pour les nouveaux employés, d’autres ont compris qu’il ne se vend pas. Il se vit et se construit ensemble: employé, gestionnaire et employeur confondu. L’entreprise mise d’abord sur les gens. Ils sont écoutés, valorisés et l’environnement leur permet d’aimer ce qu’ils font et de faire ce qu’ils aiment. N’est-ce pas la plus belle forme de bonheur au travail?